né en 1940 à La Havane, cet écrivain (trés connu à Cuba) fut professeur de Folklore à l’école pour les instructeurs des Beaux Arts, il travailla aussi à l’Institut d’Ethologie. Il a publié de nombreux articles sur le folklore cubain et sur les racines africaines de la culture cubaine. Poète il a fait publier : »La piedra fina y el pavorreal » et « Isla de Guijes ». Son ouvrage : »Biografia de un cimarron » l’a rendu célèbre. C’est en fait un temoignage recueilli du vivant d’un des esclaves protagoniste des révoltes contre l’esclavage dans cette île, il relate la participation d’Estaban Montejo (agé de 104 ans lorsque Barnet recueillit son temoignage) a la guerre d’Indépendance menée par les Mambises contre les espagnols à l’époque de Antonio Maceo et Maximo Gomez, ainsi qu’à la fin de l’esclavage a Cuba.
Pour ecrire « Biografia de un cimarron » Barnet proceda comme un ethnologue en realisant l’interview d’Esteban et en la transcrivant dans le recit rédigé à la première personne, celle du témoin principal, dans son ouvrage sont abordés entre autres les thèmes de la religion afro-cubaine, celle de la vie des esclaves dans leurs cases, ainsi que celle des révoltés (cimarrones) dans les montagnes de l’île; c’est un récit vrai, vécu de l’interieur par un homme fier luttant pour sa liberté…
Il est édité en français sous le titre « Esclave à Cuba » et peut être trouvé (avec un peu de chance) en bibliothèque
Lorsque Miguel Barnet rencontre Esteban Montejo en 1963, lui même a 23 ans est écrivain et ethnologue, pour lui c’est une aubaine de pouvoir recueillir les propos d’un temoin de l’histoire de son pays en pleine reconstruction. Esteban serait né en 1860 à Sagua la Grande, dans la province de Santa Clara que Che Guevara rendra célèbre par l’épisode de l’attaque du train blindé lors de la Revolution castriste.
L’intérêt du livre porte surtout sur le temoignage de la vie d’esclave par un des derniers esclaves vivant à l’époque, la description des rafineries de sucre, des logements d’esclaves, de leur vie (hommes et femmes) dans ces lieux, le rôle de la sorcellerie et des religions africaines. Et lors de sa fuite la vie d’un cimarron dans les grottes et les forêts. On y découvre un homme proche de la nature ce qui lui a permis de survivre, un homme plein de prudence et respectueux des autres.
J’ai bien aimé sa description des remèdes par les plantes, celle des oiseaux cubains dont certains ont disparu de nos jours.
Avec objectivité il aborde le sujet du contact des religions, il accepte la Santeria, croit à la sorcellerie et se méfie des curés. Ce qui m’a amusé c’est l’interêt qu’il porte à la nourriture lors des fêtes lucumis (Santeria), il decrit des légumes et des plats qui existent toujours de nos jours, ainsi les boniatos (dont on fait des frites ou des gâteaux), des malangas (dont on fait des beignets), des ignames, du riz aux haricots blancs et noirs (que l’on appelle moros y cristianos).
Un passage m’a interessé également, celui où il explique la grande présence d’insectes par la vengeance des premiers indiens de Cuba exterminés par les conquistadores, et celle de la lutte de leur chef Hatuey que la Revolution castriste a pris pour un des pères de la nation (on en a même fait une marque de bière)…