James Cook, le compas et la fleur

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Réalisées entre 1768 et 1779, les trois circumnavigations du capitaine Cook, le plus illustre navigateur et cartographe qu’ait produit l’Angleterre, marquent le début des grandes explorations scientifiques du siècle des Lumières. Déterminé à se rendre là où non seulement « aucun homme n’était encore allé mais aussi loin qu’il était possible d’aller », accompagné de nombreux savants et artistes, il rapporta de ses voyages une masse d’informations sur les mœurs et les coutumes des populations indigènes les plus méconnues du globe, en particulier celles d’Océanie. Il mit un point final au mythe de la Terra australis et releva de nombreuses cartes  des terres qu’il découvrit ou localisa, dont la Nouvelle Zélande, la côte orientale de l’Australie, la Nouvelle Calédonie, l’archipel des îles Tonga, les Nouvelles Hébrides et les îles Sandwich. Fidèle aux instructions du roi George III, l’homme que Louis XVI citera en exemple à Lapérouse avant son tour du monde tenta d’entretenir les meilleures relations avec les naturels jusqu’à ce que son épuisement et une santé vacillante aboutissent à sa mort violente sur une plage d’Hawaï.

Mon avis : Pour les assoiffés d’aventures maritimes voici un ouvrage fort bien documenté qui ouvre de merveilleux horizons de lecture. Sa lecture est aisée et ne s’embarrasse pas de termes techniques de marine.

Nous suivons James Cook au cours de ses trois voyages successifs vers les mers du Sud, voyages au cours desquels il cartographie les îles australes, rencontrant des peuples dont certains cannibales n’ayant jamais été en contact avec un européen.

Cook avait été envoyé en mission avec un seul bateau par le Roi d’Angleterre George III pour étudier la distance terre soleil en profitant d’un rare passage de Vénus entre la Terre et le Soleil et le meilleur endroit pour faire ces relevés c’est Tahiti.
C’est un succès et pour fêter sa réussite il invite des chefs indiens, ils burent à la santé de « Kihiargo » (George III), le chef « Tupaia prit une cuite phénoménale pour manifester sa loyauté »
Ils restèrent trois mois et reprirent la mer, la fin du voyage fut une catastrophe : scorbut, dysenterie, fièvres,en passant par Batavia l’insalubre, résultat plus de quarante morts…
Noté en passant ces considérations allant de Rousseau (le bon sauvage) à Chateaubriand .
à propos de Rousseau : « Paradis et palmiers, hommes à l’état de nature ou au stade de la barbarie, amour libre et terre bon marché: les rêves et les illusions des européens se transformèrent souvent en d’amères experiences pour eux comme pour les insulaires. »
et pour Chateaubriand : » Otaïti a perdu ses danses, ses choeurs, ses moeurs voluptueuses. Les belles habitantes de la nouvelle cythère, trop vantées peut être par Bougainville, sont aujourd’hui, sous leurs arbres à pain et leurs élégants palmiers, des puritaines qui vont au prêche, lisent l’Ecriture avec des visionnaires méthodistes, controversent du matin au soir, et expient dans un grand ennui la trop grande gaieté de leurs mères… »

La condition tropicale de Francis Hallé

 La condition tropicale de Francis Hallé
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Dans cet ardent plaidoyer pour les tropiques, Francis Hallé défend une conception des basses latitudes à rebours des analyses actuelles. Ces régions, qui ont à ses yeux une importance bien supérieure à celle qu’habituellement on leur concède, constituent pour la planète tout entière une référence, un berceau, un moteur. Cette position, qui va de soi dans de nombreux domaines – climats, biologie, diversité ethno – logique, maladies, techniques agricoles… –, conserve toute sa pertinence en économie : avant d’être colonisées, les populations tropicales ne respectaient-elles pas l’environnement mieux que ne le font aujourd’hui les pays riches, victimes de leur surdéveloppement ? La question ici en jeu, rarement soulevée, est donc d’ordre planétaire : c’est celle de l’inégalité économique entre les tropiques et les latitudes tempérées.
Pour tenter d’y répondre, et après avoir dénoncé les contre-vérités des ignobles et tenaces théories racistes, l’auteur s’attache à évaluer les facteurs politiques – esclavage, colonisation, néocolonialisme –, mais ceux-ci, recevables pour les périodes récentes, ne permettent pas d’élucider, dans une vaste perspective historique, l’origine de ces inégalités entre les latitudes.
Il avance alors une hypothèse biologique : fondée sur la sensibilité de l’homme aux variations de longueur des jours, celle-ci expliquerait les différences conportementales qui, entre les tropiques et les latitudes tempérées, influencent profondément les structures psychologiques, les progrès scientifiques et les constructions sociales.
Face aux dérèglements actuels – changements climatiques, montée du niveau des mers, déforestation tropicale, pollution, érosion de la biodiversité, épuisement des ressources, pénurie d’eau potable –

Le testament de Lapérouse de François Bellec

 

 

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Ecrit par un spécialiste de la mer, puisque F.Bellec fut directeur du Musée National de la Marine et participant à deux expéditions archéologiques à Vanikoro. Ce livre est un roman de fiction, basé sur de solides éléments archéologiques et historiques, dont l’auteur n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il a écrit deux autres romans dont un ayant reçu le Prix  Eric Tabarly.

Bellec nous transporte à Vanikoro, île de l’archipel des Santa Cruz dans les Salomon en plein océan Pacifique, c’est là qu’en 1788 les navires de Lapérouse (l’astrolabe et la boussole) firent naufrage après bien des déboires. Les survivants dont Lapérouse (Jean François de Galaup, comte de La Pérouse ) né en 1741, qui s’était illustré dans la Guerre d’Indépendance Américaine, furent contraints de vivre près de 40 ans dans cette île perdue dans l’océan. En 1826, un navigateur anglais Peter Dillon y trouve des traces de l’Astrolabe, puis ce fut le tour de Dumont d’Urville deux ans plus tard, ce n’est qu’en 1964 que l’on decouvrit des objets ayant appartenu à La Boussole….

Le roman commence par un exercice quotidien auquel se prétait Lapérouse, l’Officier Chirurgien Rollin et le serviteur Caraurant, le relevé astronomique de la Méridienne, la position du soleil dans l’hémisphère sud le 14 Juillet 1789.ce jour là. Le récit les suivra de saison en saison, passant de la saison des tempêtes à celle des pluies, puis celle des orages au calendrier de bambou qui verra la fin de vie de cet explorateur. Des rappels frequents aux évènements se déroulant en France à ces époques s’entremêlant aux souvenirs biographiques de Laperouse rendent le récit interessant…

 

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« Quatre minutes ou plus pour le dire »

Ouverture d’une nouvelle rubrique :

Dior, la petite coiffeuse sénégalaise de la cathédrale Sainte Réparate :

Le concert des gabians du marché aux poissons, Place Saint-François:

Le peintre Paulin Nikolli sait aussi être serieux, il nous parle ici de sa vision de la peinture :

Micheline la poissonnière de la Place Saint-François

Pas commode Micheline, elle a du caractère cette forte femme, une des figures du Vieux Nice…

Eduardo, peintre chilien sur verre, cours Saleya à Nice le week-end

Aider les enfants du Népal

(un petit conseil amical: pendant 1’40 au debut le son de la vidéo est parasité par les bruits de la Place Rossetti, donc il vaut mieux baisser un peu le son pour le remettre à 1’40 pour entendre la discussion. Voilà, toutes mes amitiés…)

Reprise de la vidéo de l’Artiste Paulin Nikolli

Dédicace du livre : « Guide amoureux, secret et historique du Vieux Nice de Alex Benvenuto. 

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Emir Kusturica

LYON : 1st edition of  the Lyon first cinema festival

Emir Kusturica est né en 1954 à Sarajevo en République fédérale socialiste de Yougoslavie. Connu comme réalisateur de films, acteur, et musicien, ce personnage éclectique se révèle être écrivain avec « Etranger dans le mariage », après son autobiographie « Où suis-je dans cette histoire »…

Ses films ont révélé son exhubérance, sa soif de vie, mis en valeur dans ses rôles d’acteur notamment celui passé presque inapperçu dans « 7 jours à La Havane » sous la direction de Pablo Trapero

Avec son groupe : « The no smoking orchestra »

A la fois fantaisiste et réaliste il expose dans ses musiques et ses films son univers baroque qui lui a valu deux Palmes d’Or au Festival de Cannes pour « Papa est en voyage d’affaires » et « Underground ». C’est aussi un écrivain malgré ses détracteurs habituels, et voici qu’il publie son recueil  de six nouvelles qui lui ressemblent, remplies d’amour, de folie, de violence et de désespoir. C’est un retour sur les lieux de sa jeunesse, Sarajevo, Belgrade, et dans un petit village de l’ex-yougoslavie. Un monde onirique où on rencontre un petit garçon qui parle à une carpe dans l’eau de sa baignoire (comme certains paysans cubains y élèvent des petites tortues de mer), une Tzigane blonde aux fesses superbes, un bricolo de vieux postes radios, et des serpents qui fument, « Etranger dans le mariage » est paru chez Lattès.

Mon avis :

Ce n’est pas du Victor Hugo, mais c’est de l’authentique, du vécu qui sort comme de la sève de ce personnage nature qui ne se conforme pas au paraître mais explose d’humanité, le genre d’individu qui nous réconcilie avec l’humanité, loin des « poseurs » et des « détenteurs du savoir » qui exposent leur fatuité au long de leurs écrits, des pisses-vinaigre en quelque sorte.  Kusturica est spontané, non déguisé, jouisseur de la vie et cela se retrouve dans ses écrits, lisez le, oui cela peut surprendre il ne fait pas partie de « l’académie », mais bon sang quelle plume..!!!!

Yeruldelgger de Ian Manook

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Notes de l’éditeur :

Le corps enfoui d’une enfant, découvert dans la steppe par des nomades mongols, réveille chez le commissaire Yeruldelgger le cauchemar de l’assassinat jamais élucidé de sa propre fille. Peu à peu, ce qui pourrait lier ces deux crimes avec d’autres plus atroces encore, va le forcer à affronter la terrible vérité. Il n’y a pas que les tombes qui soient sauvages en Mongolie. Pour certains hommes, le trafic des précieuses « terres rares » vaut largement le prix de plusieurs vies. Innocentes ou pas.

Dans ce thriller d’une maîtrise époustouflante, Ian Manook nous entraine sur un rythme effréné des déserts balayés par les vents de l’Asie Centrale jusqu’à l’enfer des bas-fonds d’Oulan-Bator. Il y avait la Suède de Mankell, l’Islande d’Indridason, l’Ecosse de Rankin, il y a désormais la Mongolie de Ian Manook !

Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler de Sepulveda

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Zorbas le chat grand noir et gros a promis à la mouette qui est venue mourir sur son balcon de couver son dernier oeuf, de protéger le poussin et de lui apprendre à voler Tous les chats du port de Hambourg vont se mobiliser pour l’aider à tenir ces promesses insolites.

A travers les aventures rocambolesques et drôles de Zorbas et Afortunada, on découvre la solidarité, la tendresse, la nature et la poésie.

Prix Sorcière 1997 de l’Association des libraires spécialisés jeunesse

Discussion sur l’auteur :  http://aaronguide.com/2015/04/13/luis-sepulveda/

Luis Sepulveda

Photo: Daniel Mordzinski.

Luis Sepulveda, un auteur engagé…?

Si on se réfère à son parcours de vie la réponse est positive : emprisonné par Pinochet au Chili où il est né en 1949, il évite la peine capitale et voit sa peine de 28 ans de prison commuée en un exil en Suède.

Il voyage en Amérique du Sud et rejoint les Sandinistes au Nicaragua. Après la victoire des forces révolutionnaires il y travaille comme reporter. En 1982 il s’installe en Europe et travaille comme journaliste, il rejoint Greenpeace et s’interesse aux causes écologistes qu’il avait déjà cotoyées aupres des indiens Shuars d’Equateur.

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Son livre  « Le Vieux qui lisait des romans d’amour » 1992 lui amène la notoriété.

1969 : Crónica de Pedro Nadie, contes

1986 :

Los miedos, las vidas, las muertes y otras alucinaciones, contes

Cuaderno de viaje, contes

1992 : Le Vieux qui lisait des romans d’amour

1993 : Le Monde du bout du monde

1994 : Le Neveu d’Amérique (Patagonia Express)

1996 : Un Nom de toréro

1996 : Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler

1997 : Rendez-vous d’amour dans un pays en guerre

1998 : Journal d’un tueur sentimental

1999 : Hot Line

1999 : Yakaré

2001 : Les Roses d’Atacama

2003 : La Folie de Pinochet

2005 :

Une sale histoire

Les Pires Contes des frères Grimm (coécrit avec Mario Delgado Aparaín)

2008 : La lampe d’Aladino et autres histoires pour vaincre l’oubli

2010 : L’ombre de ce que nous avons été

2011 : Histoires d’ici et d’ailleurs

2012 : Dernières nouvelles du Sud

2013 :

Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis

Ingrédients pour une vie de passions formidables

2014 : Histoire d’un escargot qui découvrit l’importance de la lenteur

Critique de livre :  http://aaronguide.com/2015/04/14/histoire-dune-mouette-et-du-chat-qui-lui-apprit-a-voler-de-sepulveda/

Petit traité sur l’immensité du monde de Sylvain Tesson

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Le mot de l’éditeur :
Pour ralentir la fuite du temps, Sylvain Tesson parcourt le monde à pied, à cheval, à vélo ou en canot. Dans les steppes d’Asie centrale, au Tibet, dans les forêts françaises ou à Paris, il marche, chevauche, escalade aussi les monuments à mains nues. Pour mieux embrasser la terre, il passe une nuit au sommet de Notre-Dame de Paris, bivouaque dans un arbre ou sous un pont, construit des cabanes.
Cet amoureux des reliefs poursuit le merveilleux et l’enchantement. Dans nos sociétés de communication, il en appelle à un nouveau nomadisme, à un vagabondage joyeux. Ce Petit traité sur l’immensité du monde est un précis de désobéissance naturaliste, une philosophie de poche buissonnière, un récit romantique contre l’ordre établi.
Extrait du livre :
Les internautes naviguent dans les corridors virtuels du cyberworld, des hordes en rollers transhument dans les couloirs de bus. Des millions de têtes sont traversées par les particules ondulatoires des SMS. Des tribus de vacanciers pareils aux gnous d’Afrique migrent sur les autoroutes vers le soleil, le nouveau dieu !
C’est en vogue : on court, on vaque. On se tatoue, on se mondialise. On se troue de piercings pour avoir l’air tribal. Un touriste s’envoie dans l’espace pour vingt millions de dollars. «Bougez-vous !» hurle la pub. «À fond la forme !» On se connecte, on est joignable en permanence. On s’appelle pour faire un jogging. L’État étend le réseau de routes : la pieuvre de goudron gagne. Le ciel devient petit : il y a des collisions d’avions.
Pendant que les TGV rusent, les paysans disparaissent. «Tout fout le camp», disent les vieux qui ne comprennent rien. En fait, rien ne fout le camp, ce sont les gens qui ne tiennent plus en place. Mais ce nomadisme-là n’est qu’une danse de Saint-Guy.
C’est la revanche d’Abel. Selon la Bible, Caïn, le paysan, a tué son frère Abel, le berger, d’un coup de pierre à la tête.

Mon avis :

extrait : « la marche fait affleurer à la surface de la mémoire les strates de souvenirs rangées dans la boîte en os du crâne, cette caisse d’archives, le plus précieux bagage du voyageur.On fouille, on trie, un éclair soudain et l’on se souvient d’un moment drôle, presque oublié et l’on éclate de rire »…
C »est le genre de phrases que j’ai aimé dans ce petit ouvrage, un essai philosophique du vagabondage.
Sylvain Tesson remet au goût du jour le monde des « errants » montrés du doigt et poursuivis depuis la Révolution Française, avec des périodes sombres et critiques comme celle de la collaboration où les errants étaient fichés et considérés comme delinquants (delit de vagabondage), fichiers conservés et appliqués aux forains jusqu’à nos jours. Quelle plus belle expression de liberté que le droit de divaguer au gré de ses envies. Le livre de Tesson est un guide du « bien vagabonder » au fil des pages il propose quelques anecdotes personnelles prises dans ses frequents voyages. La lecture est agréable, fournie en références littéraires, j’ai aimé le style de cet ecrivain et les traits de poésie qui par moments transpirent du texte.

Le Voyant de Jérôme Garcin

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« Le visage en sang, Jacques hurle : « Mes yeux! Où sont mes yeux ? » Il vient de les perdre à jamais. En ce jour d’azur, de lilas et de muguet, il entre dans l’obscurité où seuls, désormais, les parfums, les sons et les formes auront des couleurs. » Né en 1924, aveugle à huit ans, résistant à dix-sept, membre du mouvement Défense de la France, Jacques Lusseyran est arrêté en 1943 par la Gestapo, incarcéré à Fresnes puis déporté à Buchenwald. Libéré après un an et demi de captivité, il écrit Et la lumière fut et part enseigner la littérature aux États-Unis, où il devient « The Blind Hero of the French Resistance ». Il meurt, en 1971, dans un accident de voiture. Il avait quarante-sept ans. Vingt ans après Pour Jean Prévost (prix Médicis essai 1994), Jérôme Garcin fait le portrait d’un autre écrivain-résistant que la France a négligé et que l’Histoire a oublié.