Petit traité sur l’immensité du monde de Sylvain Tesson


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Le mot de l’éditeur :
Pour ralentir la fuite du temps, Sylvain Tesson parcourt le monde à pied, à cheval, à vélo ou en canot. Dans les steppes d’Asie centrale, au Tibet, dans les forêts françaises ou à Paris, il marche, chevauche, escalade aussi les monuments à mains nues. Pour mieux embrasser la terre, il passe une nuit au sommet de Notre-Dame de Paris, bivouaque dans un arbre ou sous un pont, construit des cabanes.
Cet amoureux des reliefs poursuit le merveilleux et l’enchantement. Dans nos sociétés de communication, il en appelle à un nouveau nomadisme, à un vagabondage joyeux. Ce Petit traité sur l’immensité du monde est un précis de désobéissance naturaliste, une philosophie de poche buissonnière, un récit romantique contre l’ordre établi.
Extrait du livre :
Les internautes naviguent dans les corridors virtuels du cyberworld, des hordes en rollers transhument dans les couloirs de bus. Des millions de têtes sont traversées par les particules ondulatoires des SMS. Des tribus de vacanciers pareils aux gnous d’Afrique migrent sur les autoroutes vers le soleil, le nouveau dieu !
C’est en vogue : on court, on vaque. On se tatoue, on se mondialise. On se troue de piercings pour avoir l’air tribal. Un touriste s’envoie dans l’espace pour vingt millions de dollars. «Bougez-vous !» hurle la pub. «À fond la forme !» On se connecte, on est joignable en permanence. On s’appelle pour faire un jogging. L’État étend le réseau de routes : la pieuvre de goudron gagne. Le ciel devient petit : il y a des collisions d’avions.
Pendant que les TGV rusent, les paysans disparaissent. «Tout fout le camp», disent les vieux qui ne comprennent rien. En fait, rien ne fout le camp, ce sont les gens qui ne tiennent plus en place. Mais ce nomadisme-là n’est qu’une danse de Saint-Guy.
C’est la revanche d’Abel. Selon la Bible, Caïn, le paysan, a tué son frère Abel, le berger, d’un coup de pierre à la tête.

Mon avis :

extrait : « la marche fait affleurer à la surface de la mémoire les strates de souvenirs rangées dans la boîte en os du crâne, cette caisse d’archives, le plus précieux bagage du voyageur.On fouille, on trie, un éclair soudain et l’on se souvient d’un moment drôle, presque oublié et l’on éclate de rire »…
C »est le genre de phrases que j’ai aimé dans ce petit ouvrage, un essai philosophique du vagabondage.
Sylvain Tesson remet au goût du jour le monde des « errants » montrés du doigt et poursuivis depuis la Révolution Française, avec des périodes sombres et critiques comme celle de la collaboration où les errants étaient fichés et considérés comme delinquants (delit de vagabondage), fichiers conservés et appliqués aux forains jusqu’à nos jours. Quelle plus belle expression de liberté que le droit de divaguer au gré de ses envies. Le livre de Tesson est un guide du « bien vagabonder » au fil des pages il propose quelques anecdotes personnelles prises dans ses frequents voyages. La lecture est agréable, fournie en références littéraires, j’ai aimé le style de cet ecrivain et les traits de poésie qui par moments transpirent du texte.

2 réflexions sur “Petit traité sur l’immensité du monde de Sylvain Tesson

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