
Jean Pierre Le Goff, Philosophe, sociologue, né en 1949, ancien anarcho-situationniste qui revisite la gauche actuelle héritière de Mai 68. Ne pas confondre avec l’Historien Jacques Le Goff.
J’ai personnellement découvert cet auteur grâce à son dernier ouvrage : « Malaise dans la démocratie » chez Stock

4° de couverture :
« Les bouleversements qui se sont produits des années 1960 à aujourd’hui et la « révolution culturelle » qui les a accompagnés ont entraîné des fractures dans les pays démocratiques révélant des conceptions contradictoires du rapport au travail, de l’éducation, de la culture et de la religion.
Ce livre met en lumière les postures et les faux semblants d’un conformisme individualiste qui vit à l’abri de l’épreuve du réel et de l’histoire, tout en s’affirmant comme l’incarnation de la modernité et du progrès. Il montre comment une nouvelle conception de la condition humaine s’est diffusée en douceur à travers un courant moderniste de l’éducation, du management, de l’animation festive et culturelle, tout autant que par les thérapies comportementalistes, le néo-bouddhisme et l’écologisme. Une « bulle » angélique s’est ainsi construite tandis que la violence du monde frappe à notre porte.
Faute d’affronter ces questions, les démocraties se condamnent à demeurer aveugles sur leurs propres faiblesses internes qui les désarment face aux nouveaux désordres du monde et aux ennemis qui veulent les détruire. Camus disait : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. » Cet impératif est plus que jamais d’actualité. »
quelques ouvrages notables :
Mai 68. L’héritage impossible, Paris, La Découverte, 1998 réédité en 2002 et 2006
La France morcelée, Paris, Gallimard, 2008
La Gauche à l’épreuve 1968-2011, Perrin, 2011
La Fin du village. Une histoire française, Paris, Gallimard, 2012
une critique de Libération lui reprochant : « une vision sinistre de l’individu moderne, décérébré, découragé et désabusé par sa propre émancipation »
voir ici
J’avoue que ce que j’ai pu lire de ses idées correspond à ce que je pense, mais cela demande une lecture critique de »Malaise dans la démocratie »
idées directrices :
— «Une nouvelle conception du monde et de la condition humaine s’est diffusée en douceur à travers tout un courant moderniste de l’éducation, du management, de l’animation festive et culturelle tout autant que par l’écologie fondamentaliste, les thérapies en tous genre et les nouvelles formes de religiosité diffuse…»
interessant de rapprocher les problèmes que connait le mouvement écologiste de nos jours alors que la violence dans la société française connaît un paroxysme pratiquement inconnu depuis la guerre d’Algérie (crainte d’attentats)…
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— Le «gauchisme culturel» défini par : »un conformisme individualiste de masse se présentant sous les traits de l’anticonformisme, de la fête et de la rébellion qui vit à l’abri de l’épreuve du réel et de l’histoire tout en ayant tendance à se prendre pour le centre du monde. C’est tout un monde à part qui s’est créé et a accentué les fractures de la société en ignorant et en méprisant ceux qui n’entraient pas dans ce modèle».
A méditer…Penser de nouveaux rapports, trouver de nouvelles voies, éloignées des extrèmismes qui mènent à la violence, réintroduire l’altruisme, le respect des autres sans connotation religieuse,
-« Le développement de la production, de la consommation et des loisirs s’est accompagné d’un nouvel individualisme et d’une «révolution culturelle» qui ont divisé les pays démocratiques d’une manière qui ne ressemble guère aux conflits sociaux du passé»
Voilà une réflexion qui me rend optimiste sur la volonté de trouver une nouvelle voie pour sortir des conflits «à l’ancienne» gauche-droite, patronnat-ouvriers, syndiqués-non syndiqués, conflits qui mènent à une société bloquée, où la violence des rapports prime…
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– «L’anthropologue américaine Margaret Mead [ —Le fossé des générations chez Denoël/Gonthier—]souligne que, dans un monde en mutation rapide,le passé et l’expérience des aînés ne paraissent plus pouvoir servir de référence pour éclairer l’avenir des jeunes générations. La transmission paraît rompue et cette rupture porte sur des points anthropologiques essentiels….»
Réfléxions sur l’après 68 dans les domaines de l’individualisme, l’éducation, le travail, les loisirs, la religion….
Les chapitres :
– Un individualisme de type nouveau
– Education : le grand chambardement
– Chômage et déshumanisation du travail
– La culture animée et festive : imaginaire et déculturation du nouveau monde
– De nouvelles formes de religiosité diffuse : développement personnel, néobouddhisme et écologie
– Conclusion : La « démocratie rêvée des anges »
Le Goff estime que le fossé entre les générations est plus profond de nos jours que celui qui s’était creusé entre les années 60-70. Pour lui le lien entre les générations a été rompu (entre les baby-boomers et les jeunes d’aujourd’hui), cependant selon lui ce n’est pas irrémédiable . Le Goff a été soixante huitard, selon lui Mai 68 a un heritage impossible, les enfants des soixante huitards ont essayé d’en reprendre les idées, ils se sont érigés en « gardiens du temple », alors que pour Le Goff la « dynamique contestataire de Mai 68 » est morte depuis longtemps, ce que ne comprennent pas les soixante-huitards attardés et leurs descendants…
Il relève à l’inverse l’existence d’un « courant revenchard » qui considère les soixante huitards sont responsables de tous les maux qui existent de nos jours. »Mai 68 n’appartient à personne » selon Le Goff.
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